Serious game au service de la santé : un partenaire qui s’affirme

27 février 2015

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C’est une spécialité française. Les serious games, ces jeux interactifs à vocation pédagogique, fleurissent dans le domaine de la santé. Destinés à l’éducation, à la prévention ou aux soins, ils s’adressent aussi bien aux professionnels qu’au grand public.

Les évolutions majeures des jeux vidéo, que ce soit dans le réalisme, la mobilité ou les réseaux sociaux, leur offrent de nouvelles perspectives. Depuis des années déjà, l’intérêt d’un apprentissage immersif grâce aux jeux vidéo est reconnu dans le cadre de la formation des professionnels de médecine. PULSE, un jeu qui met infirmiers et médecins en situation de soigner des patients virtuels, a été un des pionniers du secteur.

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Cet outil de simulation 3D qui vise à l’apprentissage des gestes médicaux complexes et des savoirs techniques, a été développé en version française, SIMUrgences, tout particulièrement destiné aux urgentistes et aux cardiologues.

Un bon outil d’accompagnement

Mais choisir son personnage, évoluer dans différents décors ou passer à un niveau supérieur peut également devenir une aide aux patients et s’intégrer dans un schéma thérapeutique. Lancé en 2012, le jeu Voracy Fish met par exemple en scène un poisson affamé qui cherche sa nourriture dans les fonds sous-marins. Son but? Rééduquer les bras et les mains après un AVC. L’équipe thérapeutique paramètre les sessions de rééducation à distance et peut rendre le jeu plus simple ou plus complexe en fonction des résultats.
C’est un point essentiel que l’engouement pour le serious game ne doit pas faire oublier : Ces jeux n’ont pas vocation à remplacer les thérapeutes. Véronique Donard*, docteur en psychopathologie clinique au département de Recherches de l’Ecole de Psychologues Praticiens à Paris insiste sur ce point: « Un jeu sérieux n’a d’efficacité que dans l’utilisation qu’en fait le professionnel de santé. C’est donc le thérapeute, et sa façon d’utiliser le jeu, qui est efficace, et non le jeu en soi. En effet il n’existe pas de résultats thérapeutiques magiques engagés par le jeu. »

Mettre tout le monde autour de la table

Domisecure, porté par des start-up du Technopole Brestois en partenariat avec l’université de Bretagne Occidentale et le Centre de Simulation en Santé (CESIM), a été développé en 2013 dans le but de prévenir les chutes. Il s’adresse au grand public, mais aussi aux personnes travaillant auprès des personnes âgées : auxiliaires de vie, aides à domicile et infirmières. Dans un premier temps, un logiciel permet de visualiser un appartement virtuel dans lequel se trouvent plusieurs dangers de chute qu’il faut repérer ; dans un second temps, le Pr L’Her a imaginé un scénario où l’individu se retrouve en simulation de handicap physique (troubles de la vue, problèmes d’articulation…) dans l’appartement témoin (réel) avec des caméras permettant d’analyser la situation et les réactions. L’analyse est ensuite réalisée en présence d’un ergothérapeute et d’un gériatre. Une création collective et un travail d’équipe.

« Un des atouts des serious games est de considérer la santé de façon plus holistique qu’on ne le voyait jusqu’à présent », explique le Pr Pascal Staccini*, professeur de santé publique spécialisé en informatique médicale à l’université de Nice Sophia-Antipolis, fondateur du colloque SeGaMed. Discuter des serious games implique de réunir autour de la table des patients, des professionnels de la santé, des psychologues, des décideurs, des développeurs… C’est-à-dire beaucoup plus d’interlocuteurs que ne convoque le traditionnel dialogue entre le médecin et le patient ».

Quelques chiffres

Le marché mondial du serious game qui représentait 1,5 milliard d’euros en 2013, pourrait peser 10 milliards d’euros en 2015.
Le marché français, représenté par de nombreuses PME innovantes et exportatrices, s’élevait à 47 millions d’euros fin 2011 et pourrait atteindre 84 millions d’euros fin 2015.
Source : Institut de l’Audiovisuel et des Télécommunications en Europe (IDATE).

* entretien publié dans la revue des adhérents Mgen Filia, Février 2015

Crédit Photo : SIMUrgences, © Healthcare Agence

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